Contexte 

La démographie mondiale est à un tournant décisif, la part de la population en âge de travailler ayant atteint un niveau record en 2012. L’Afrique, avec la population à croissance la plus rapide au monde et dont plus de la moitié de la population est âgée de moins de 24 ans, n’a pas encore connu cette transition démographique. Les efforts déployés par le continent pour assurer l’éducation de sa jeunesse auront de vastes répercussions sur son développement économique, sa stabilité et sa prospérité. L’Afrique peut saisir l’occasion qu’offre le dividende démographique en investissant dans le développement du capital humain, en particulier au niveau de l’enseignement secondaire où les jeunes acquièrent les compétences et les connaissances nécessaires pour être des citoyens productifs. 

Dans les prochaines décennies, les jeunes Africains joueront un rôle crucial dans le développement social et économique du continent.

Les cadres mondiaux et continentaux clés, tels que les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 pour l’Afrique, accordent la priorité à l’éducation pour la réalisation de leurs objectifs et aspirations par le biais de l’Objectif n°4 et de la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique 2016-2025 (CESA 16-25), respectivement. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour étendre l’accès, améliorer la qualité et l’intégration de l’enseignement secondaire afin d’atteindre ces objectifs. Des réformes majeures sont en cours dans certains pays africains pour relever ces défis. Elles vont notamment de l’extension de l’enseignement primaire universel et gratuit à l’éducation de base pour tous qui englobe premier cycle de l’enseignement secondaire et du passage de programmes d’enseignement basés sur la connaissance à des programmes par compétences pour développer les compétences et les mentalités nécessaires aux jeunes dans l’économie actuelle. Le manque de financements suffisants, la non exploitation de la technologie à part entière comme levier, la responsabilisation et l’efficacité de faible niveau, la formation et le déploiement inadéquats d’enseignants qualifiés dans les nouvelles formes de pédagogie pour mettre en œuvre les nouveaux programmes d’enseignement et la lenteur des réformes des systèmes d’évaluation et d’examen sont quelques-uns des obstacles majeurs auxquels se heurtent ces réformes.

En plus d’être une voie menant à l’enseignement supérieur, l’enseignement secondaire constituera de plus en plus la plateforme à partir de laquelle les jeunes entreront dans la population active, au regard de l’augmentation des taux d’achèvement de l’enseignement primaire et des faibles taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur. La combinaison de l’accroissement démographique des jeunes, de l’évolution de la nature du travail et des compétences et du ralentissement de la croissance économique exige une plus grande innovation et une réinvention de l’enseignement secondaire pour répondre adéquatement aux besoins en compétences du marché du travail dans les secteurs formel et informel. 

La principale aspiration de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), inscrite dans son Plan stratégique quinquennal (2018-2022), est « de servir de levier de changement et de faire entendre la voix de l’Afrique sur les priorités en matière d’éducation aux niveaux régional, continental et mondial ». Cette aspiration guide la contribution de l’ADEA, à travers la mise en œuvre de son Plan stratégique, à la réalisation des douze objectifs stratégiques de la CESA 16-25 dans des domaines clés que sont l’accès, la qualité et la pertinence de l’éducation. Le pilier de la Plateforme continentale de l’éducation du Plan stratégique se concentre sur trois initiatives stratégiques, à savoir : promouvoir une plus grande collaboration et coordination entre les pays, harmoniser les efforts multipartites et renforcer, ainsi, la voix de l’Afrique dans toutes les discussions ayant trait à l’éducation. 

Dans le cadre de ce pilier, l’initiative stratégique des « forums de parties prenantes de haut niveau » contribue essentiellement à synthétiser les discussions nationales et offre une plateforme permettant à toutes les parties prenantes d’identifier les moyens de transformer le secteur de l’éducation et de répondre à leurs besoins émergents au travers de discussions sur les questions essentielles. 

Par conséquent, l’ADEA organisera chaque année un Forum annuel de dialogue politique de haut niveau afin de réunir les principales parties prenantes pour présenter, partager et discuter des modèles/programmes d’éducation et de formation complets et novateurs qui visent à développer le leadership, les compétences et à doter les jeunes des connaissances, outils et savoir-faire nécessaires pour l’employabilité ou la création d’emplois. Les résultats du Forum annuel de dialogue politique de haut niveau contribueront aux discussions et aux décisions clés qui éclaireront les réformes des politiques et des pratiques des pays. 

Objectifs et résultats attendus 

L’ADEA consacrera les deux journées complètes du Forum annuel de dialogue politique de haut niveau de cette année à l’enseignement secondaire en Afrique. Le Forum sera l’occasion d’examiner et de discuter les conclusions et les recommandations de l’étude de la Fondation MasterCard sur l’enseignement secondaire en Afrique. Plus précisément, les objectifs sont comme suit :

  • partager de nouvelles données sur la situation de l’enseignement secondaire en Afrique ; 
  • analyser les tendances clés identifiées dans l’amélioration des systèmes et de la prestation de services d’enseignement secondaire en Afrique ; 
  • s’informer sur les données probantes et les meilleures pratiques en matière d’enseignement secondaire sur le continent ; 
  • examiner les options politiques et les stratégies de mise en œuvre proposées pour améliorer l’enseignement secondaire sur le continent ; et
  • valider et promouvoir l’appropriation, la sensibilisation et l’adoption des recommandations et des messages clés de l’étude sur l’enseignement secondaire en Afrique. 

Les résultats escomptés du Forum sont comme suit : 

  • compréhension commune des mécanismes permettant de tirer parti de l’enseignement secondaire en vue de mieux outiller les jeunes Africains pour contribuer efficacement à la transformation socioéconomique de leurs pays respectifs ;
  • partage des connaissances, des expériences, des bonnes pratiques et des enseignements pour éclairer les politiques et les programmes visant à améliorer l’accès, la qualité et la pertinence des programmes d’études dans l’enseignement secondaire et à renforcer la résilience au niveau des conditions de travail des enseignants ; 
  • élaboration d’une feuille de route pour la création d’un Pôle de qualité inter-pays (PQIP) sur l’enseignement secondaire et l’élaboration d’un cadre stratégique ;
  • facilitation de la création de partenariats entre les principales parties prenantes de l’éducation pour faire progresser l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des stratégies ;
  • renforcement de la recherche fondée sur l’enseignement secondaire au sein du continent sur des données probantes.

Lieu et date 

Le gouvernement de la République d’Afrique du Sud accueillera le forum à l’Emperor Palace à Johannesburg, en Afrique du Sud, les 29 et 30 juillet 2019.

Thème et sous-thème 

L’enseignement secondaire est essentiel au perfectionnement de la main-d’œuvre au niveau de l’enseignement supérieur, où les individus se spécialisent dans différentes disciplines. C’est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que les obstacles entravant la participation à l’enseignement secondaire sont les plus importants, bien que de nombreux pays se soient engagés à faire plus que réaliser l’éducation primaire universelle et incluent désormais plusieurs années d’enseignement secondaire dans leurs cibles nationales. Le continent africain a besoin davantage de scientifiques, d’ingénieurs, de médecins, de gestionnaires et de techniciens qualifiés pour devenir compétitif dans l’économie mondiale actuelle. Cela montre clairement que l’accent mis sur l’enseignement secondaire est essentiel et qu’il subsiste d’importants défis à relever en matière d’accès, de qualité et de pertinence. En outre, l’absence de politiques fondées sur des données probantes propres à l’enseignement secondaire dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne entrave également les efforts d’amélioration déployés par les gouvernements africains. 

S’inspirant des conclusions de l’étude de la Banque mondiale de 2006 intitulée « À la croisée des chemins : défis pour l’enseignement secondaire en Afrique », la Fondation MasterCard a entrepris une étude collaborative approfondie entre 2017 et 2019 pour faire le bilan des progrès réalisés dans l’élargissement de l’accès à un enseignement secondaire de qualité, pertinent et inclusif en Afrique subsaharienne. Grâce à la collaboration avec les gouvernements et les décideurs africains, les experts de l’enseignement secondaire, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, les fondations privées, les ONG et d’autres représentants de la société civile, l’étude a identifié certains des nouveaux défis et des nouvelles possibilités d’innovation, et mis en lumière les domaines dans lesquels des progrès pourraient servir d’exemples. Le rôle de l’ADEA dans l’étude, en tant que membre du Groupe consultatif stratégique, consistait notamment à faciliter le dialogue avec les jeunes et les décideurs politique et à guider l’orientation de l’étude.

C’est pour cette raison que l’ADEA a consacré son premier Forum annuel de dialogue politique de haut niveau à l’enseignement secondaire en Afrique sur le thème « L’enseignement secondaire en Afrique : préparer les jeunes au monde du travail ». 

Les domaines prioritaires de l’étude de la Fondation MasterCard contribueront à ces sous-thèmes, ainsi qu’à d’autres aspects tels que la motivation des enseignants, l’enseignement et l’apprentissage, l’enseignement secondaire numérique pour l’acquisition des compétences du XXIesiècle, etc. Voici les sous-thèmes proposés :

  • L’Afrique peut-elle se permettre de suivre un parcours séquentiel en termes d’accès, de qualité et de pertinence ?
  • Formation et gestion des enseignants.
  • Qu’est-ce qui retient l’Afrique dans sa quête de concevoir des systèmes qui favorisent le renforcement des capacités et l’amélioration de l’apprentissage ?
  • Programme d’études et pédagogie du XXIsiècle.
  • Comment l’Afrique peut-elle transformer son enseignement secondaire pour renforcer l’équité dans l’apprentissage et l’offre de compétences ?
  • Le rôle de la technologie dans l’accélération des améliorations dans l’enseignement secondaire.
  • Compétences techniques et professionnelles dans l’enseignement secondaire.
  • Mécanismes alternatifs innovants de financement de l’enseignement secondaire.
  • Enseignement secondaire et langue d’enseignement. 

L’objectif est d’examiner comment passer de la recherche à la mise en œuvre, façonner le changement de politiques dans l’enseignement secondaire et intégrer les conclusions et recommandations dans les priorités et les pratiques au niveau national. 

Approche méthodologique

Le Forum utilisera une approche mixte pour promouvoir, autant que faire se peut, une interaction maximale entre les participants. Ainsi, il y aura de brèves sessions introductives en plénière où les principaux résultats de l’étude pour les différents domaines seront présentés, afin de créer un espace pour une compréhension commune du sujet à discuter. Suivront des séances en petits groupes et les résultats seront partagés en séances plénières pour permettre aux participants de réfléchir et de contribuer à la formulation des recommandations/messages clés du forum pour les différents acteurs impliqués dans l’enseignement secondaire en Afrique. Il y aura également un espace pour que les parties prenantes puissent exposer leurs travaux, en accord avec le thème.

L’essentiel de ce Forum se déroulera sous forme de débats sur les études de cas, les expériences et les défis des pays et des partenaires, y compris par les pays eux-mêmes. Les discussions porteront sur la résolution de problèmes à partir d’expériences novatrices et réussies. Le Forum sera plus interactif, afin de capitaliser sur le partage d’expériences. La nature et la diversité des enjeux et des défis liés au développement de l’enseignement secondaire dans une perspective de développement axé sur les compétences font qu’il est essentiel que, dans la mesure du possible, tous les types de partenaires et de parties prenantes contribuent aux débats et à la mise en œuvre des résultats du Forum. 

Conclusion

Ce Forum annuel de dialogue politique de haut niveau devrait être considéré comme une voie intermédiaire, que toutes les parties prenantes peuvent suivre ensemble. Il devrait aider à éclairer les pays pour cibler des programmes spécifiques dans l’optique de réaliser une expérience pilote, et se tourner vers l’ADEA pour apporter un appui aux pays à travers son réseau d’experts et de partenaires dans le processus de mise en œuvre. Le Forum devrait soutenir la traduction directe des options politiques en actions tangibles et réalisables qui peuvent être mises à l’échelle, reproduites et aider à orienter l’attention des parties prenantes dans la coordination de leurs actions.