Introduction

Les gouvernements africains se sont engagés à améliorer la qualité de l'apprentissage fondamental (AF), à savoir l’alphabétisation, le calcul et l’apprentissage socio-émotionnel. Le quatrième objectif du développement durable (ODD-4) souligne l'importance d'une éducation de qualité, équitable et inclusive. Les cadres stratégiques de l'Afrique font écho à cet engagement en faveur de l'éducation. L'Agenda 2063 de l'Union africaine et la Stratégie continentale de l'éducation pour l'Afrique 2016-2025 (CESA 16-25) soutiennent cet objectif en préconisant l'expansion des systèmes d'éducation et de formation pour stimuler la croissance économique.

Lors du Sommet sur la transformation de l'éducation (TES) en septembre 2022 et de la Triennale 2022 organisée par l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA), les dirigeants africains se sont engagés à améliorer la qualité de l'éducation et de l’AF. En février 2023, l'ADEA et Human Capital Africa (HCA) ont lancé conjointement une coalition ministérielle dans le but d'améliorer la qualité de l’AF en Afrique. Depuis, la coalition a tenu des réunions virtuelles, dont la dernière qui a eu lieu le 7 septembre 2023.

Malgré ces engagements, les élèves dans les écoles primaires en Afrique continuent de rencontrer des difficultés avec de faibles compétences en lecture et en mathématiques. Les décideurs en matière d'éducation sont confrontés à un défi immense pour inverser les tendances actuelles en matière d’AF. La pandémie de COVID-19 et les fermetures d'écoles qui ont suivi, ont interrompu certains progrès réalisés. Des approches efficaces, qui peuvent être mises à l’échelle, et durables sont nécessaires pour qu’un AF de qualité devienne la norme, plutôt que l'exception en Afrique. La manière dont les pays révisent leurs politiques et leurs budgets en réponse à leurs engagements est un processus continu, mais il existe des signes encourageants de démarches visant à obtenir des progrès significatifs en matière d’AF.

Le Forum de dialogue politique de haut niveau 2023 de l'ADEA sur l'apprentissage fondamental vise à s'appuyer sur les mécanismes existants d'échanges entre pays, qui sont déjà soutenus par l'ADEA, les gouvernements africains et d'autres acteurs de l'éducation. L'objectif du Forum est d’évaluer les progrès réalisés depuis la Triennale 2022 de l’ADEA et d'approfondir les efforts en matière de partage des connaissances, en se focalisant sur des recommandations réalisables. Les résultats de ces discussions contribueront au thème général d’accorder la priorité à l'amélioration de l'AF dans toute l'Afrique. Les recommandations issues de cet événement joueront également un rôle essentiel dans l’élaboration des préparatifs de l'année 2024 comme l’Année de l'Education de l'Union africaine, qui vise à susciter un engagement politique plus fort en faveur de l'AF.

État de l’AF en Afrique 

Les compétences de base constituent le fondement de tout apprentissage et sont essentielles pour briser les cycles de la pauvreté. Les enfants qui ne sont pas en mesure d'acquérir les compétences de base en lecture, écriture et calcul, et qui n'ont pas la possibilité de renforcer leur développement socio-émotionnel, risquent d'être exclus de l'éducation et des opportunités d'emploi ultérieurement. Une étude récente a révélé que 94 % des enfants en Afrique subsaharienne n'ont pas les compétences nécessaires pour contribuer à une économie moderne.

Deux années de fermetures d'écoles liées à la pandémie du COVID-19 ont eu des effets néfastes sur les résultats de l’AF. La pauvreté des apprentissages (capacité à lire et à comprendre une histoire simple) atteint 70 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les enfants qui étaient déjà vulnérables avant la pandémie (les enfants des ménages les plus pauvres, les filles, les enfants des zones rurales, les enfants handicapés) ont été les plus touchés par ces conséquences. Autre revers est que seulement un quart des enfants âgés de 36 à 59 mois suivent un programme d'éducation de la petite enfance en Afrique subsaharienne.

La plupart des systèmes éducatifs africains ont élaboré des plans stratégiques et c'est dans ces documents que l'on trouve une vision stratégique de l'AF, ainsi que des indicateurs pour suivre les progrès accomplis. Seule une poignée de pays disposent d'un plan spécifique pour orienter les activités liées à l’AF ou sont en train d'en élaborer un.

Nous élargissons continuellement nos connaissances pour parvenir à des améliorations dans l’AF dans les écoles primaires africaines, en nous focalisant sur des approches qui sont à la fois adaptées à l'âge des apprenants et efficaces. Il ne fait aucun doute que le soutien aux enseignants est le dénominateur commun et que les principes de la pédagogie structurée s'avèrent particulièrement efficaces. Il existe manifestement un potentiel d'interventions ciblées et d'implication active des autorités éducatives dans l'amélioration de l’AF. Le passage de programmes pilotes à des modèles durables à plus grande échelle, tout en maintenant la qualité de la mise en œuvre, reste un défi.

La pénurie d'enseignants qualifiés dans de nombreux systèmes éducatifs menace la viabilité d’initiatives réussies de formation des enseignants en AF. Le rapport Plein feux estime que les pays d'Afrique subsaharienne doivent recruter 2,3 millions d'enseignants (et en remplacer 3,8 millions supplémentaires) si l'on veut atteindre les objectifs ODD-4 et CESA 16-25 d'ici 2030. Les causes de la pénurie d'enseignants sont multiples, mais il existe des points communs entre les pays. Les préoccupations relatives à l'offre d'enseignants sont plus importantes dans les zones rurales, où la pénurie d'enseignants est plus grave et où les taux d'attrition sont plus élevés. En réponse, les gouvernements mettent en œuvre diverses mesures à court et à long terme pour recruter des enseignants, avec des résultats mitigés.

Le rôle de l'ADEA dans l'amélioration de l’AF en Afrique 

Dans le cadre de son mandat et de son orientation stratégique, l'ADEA mène le dialogue politique sur l’AF et promeut le partage des connaissances aux niveaux local, national et régional sur le continent dans quatre domaines d'intervention.

  1. Promouvoir l'appropriation nationale des objectifs de l’AF. 
  2. Passer des discussions de crise à des actions concrètes visant à améliorer les résultats de l’AF.
  3. Partager les enseignements tirés du recrutement, déploiement et rétention des enseignants. 
  4. Discuter des approches réussies pour améliorer la qualité et la cohérence de l'enseignement (pédagogie structurée, compétences des enseignants et évaluation des apprentissages).

Objectifs

Dans ce contexte, l'ADEA, en partenariat avec le ministère zambien de l'Education, organisera un Forum de dialogue politique de haut niveau sur l'AF du 31 octobre au 1er novembre 2023 à l'hôtel Taj Pamodzi de Lusaka. Nous sommes en cours de consultation avec l'Union Africaine et les principaux partenaires qui soutiennent l’AF en Zambie, notamment la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF), le Rapport GEM, le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), USAID, UNICEF, TaRL Africa et la VVOB, pour la planification et l'organisation de l'événement. Ce processus garantit que les enseignements sur l'amélioration de l’AF dans des pays comme la Zambie seront largement partagées. Cet événement permettra également de partager des informations sur les résultats de la réunion virtuelle de la Coalition des ministres africains pour l'apprentissage fondamental, qui s'est tenue le 7 septembre 2023.

Le forum a trois objectifs principaux :

  1. Partager les meilleures pratiques en matière d’adoption de stratégies nationales à long terme d’AF.
  2. Discuter des expériences au niveau politique visant à améliorer l'enseignement en matière d’AF.
  3. Tirer des leçons politiques à long et à court terme sur le recrutement, le déploiement et la rétention des enseignants.

Résultats attendus

Les résultats attendus du dialogue politique sont les suivants :

  1. Accord sur la manière d'adopter des stratégies et de consolider les activités pour fournir un AF de qualité à l'avenir. 
  2. Clarté les approches efficaces pour renforcer la formation initiale et continue des enseignants, favoriser leur bien-être et améliorer leur statut professionnel. 
  3. Reconnaissance des mesures immédiates et à long terme pour recruter et retenir un nombre optimal d'enseignants en matière d’AF.

Conclusion 

L'engagement mondial et régional en faveur de l'amélioration des résultats de l'AF en Afrique est de plus en plus fort. Une approche efficace pour progresser dans ce domaine est l’élaboration de stratégies nationales en matière d’AF. Les discussions liées aux politiques se concentrent de plus en plus sur le renforcement des capacités du personnel enseignant, leur permettant d’enseigner de manière cohérente et efficace aux enfants dès les premières années de leur scolarisation. Le recrutement, le déploiement et la rétention des enseignants continueront d'être étroitement liés aux améliorations durables en matière d’AF dans toute l'Afrique. Il est essentiel de relever le défi de la pénurie d'enseignants, car sans une offre suffisante d'enseignants qualifiés, aucune stratégie ou politique en matière d’AF ne peut avoir l'impact souhaité à long terme.